Science ouverte, open science, open data, le vocabulaire autour du partage de la production scientifique est pléthore. Mais qu’est-ce qu’on entend par là ? Qu’est-ce qui doit être partagé ? Cet article propose de revenir sur les différentes définitions proposées et comment ils sont appliqués dans la recherche scientifique.
Les concepts associés à la science ouverte
La science ouverte est définie par l’UNESCO comme “des pratiques de reproductibilité, de transparence, de partage et de collaboration résultant de l’ouverture accrue des contenus, des outils et des processus scientifiques”.
Ces principes recoupent ceux de la démarche scientifique, qui a aussi comme objectif d’être reproductible et collaboratif. La science ouverte va plus loin, en faisant explicitement le lien avec la société civile et les valeurs de transparence et de partage.
L’accès libre aux publications ou open access
La science ouverte promeut le partage des résultats de la recherche que l’on peut regrouper en deux grandes catégories : les publications scientifiques et les données scientifiques.
L’accès libre aux publications ou open access est un cheval de bataille des acteurs du monde de la recherche contre les maisons d’édition scientifique qui monnaye à prix d’or l’accès aux publications.
Depuis quelques années, les chercheurs en France ont le droit de diffuser la version non éditée des articles scientifiques dont les travaux de recherche sont financés à plus de 50 % avec du financement public.
Les universités encouragent les chercheurs à déposer leurs articles sur des plateformes publiques comme HAL financé par le ministère de la recherche.
Les maisons d’édition scientifique proposent des revues en libre accès. La contrepartie étant que c’est aux auteurs de payer pour être publié souvent quelques milliers d’euros par article.
L’accès libre aux données ou open data
L’accès libre aux données ou open data est le second point qui est dans ce cas souvent limité par des aspects techniques. L’application des principes FAIR – (Facilement trouvable, Accessible, Interopérable et Réutilisable), – dans la gestion des données implique une coordination dans la collecte et l’exploitation des données. Il nécessite des plateformes et des infrastructures de soutien qui peuvent fournir au niveau national ou des organismes de recherche.
De plus en plus, les maisons d’édition demandent un partage des données présentées dans les articles scientifiques. Avoir accès aux données brutes permet de contrôler la véracité des résultats présentés, mais aussi d’inclure ces données dans d’autres travaux de recherche.
L’accès libre aux données est restreint dans le cas de données personnelles qu’elles soient d’origine médicale ou provenant d’entretien.
L’accès aux infrastructures
Les données et publications peuvent être vues comme les résultats de la recherche et les infrastructures comme les moyens et outils nécessaires à la recherche.
On pense de suite aux équipements et aux instruments utilisés pour réaliser des expériences scientifiques, mais cela implique aussi la connaissance de leur fonctionnement, le code de leur logiciel et la manière dont les données sont collectées.
Dans la recherche biotechnologique, on considère comme infrastructure le matériel biologique utilisé et modifié comme les cellules ou les séquences ADN. Ce matériel de base va être modifié pour obtenir le résultat de la recherche.
On considère aussi les souches comme du matériel biologique comme par exemple des types spécifiques de bactéries ou de levures. Dans la recherche sur le cancer, les chercheurs travaillent sur les mêmes lignées cellulaires afin de pouvoir comparer leurs travaux.
Séquence du génome, data ou infrastructure ?
La séquence d’ADN est une donnée, mais la molécule d’ADN est une ressource biologique (infrastructure). Les séquences d’ADN une fois séquencées sont déposées sur des plateformes comme NCBI qui contient 80 000 génomes. La plateforme dispose d’outils bio-informatique pour traiter ces données.
Par contre, pour obtenir la molécule biologique correspondant à la séquence d’ADN, il faut les acheter à des entreprises spécialisés dans la production d’ADN.
Participation ouverte des acteurs de la société
La science ouverte s’applique à l’ensemble du cycle de recherche et promeut les échanges sur les résultats de la recherche, mais aussi sur sa conceptualisation.
La pratique de la science ouverte implique une transformation en profondeur de la manière de faire de la science et d’inclure d’autres acteurs dans les différentes étapes du processus scientifique : choix des thématiques, hypothèse de recherche, choix des méthodes, etc.
Il existe des disciplines scientifiques, plus perméables que d’autres à ce type de pratiques, on retrouve notamment des exemples de recherches participatives dans les sciences sociales qui ont une réflexion plus poussée sur l’épistémologie de la science que dans les sciences dites expérimentales. Les sciences médicales aussi ont vu des transformations poussées par les associations de patients.
La science participative ou citizen science s’est aussi établie en dehors des lieux traditionnels, dans des lieux indépendants comme les laboratoires citoyens. Les laboratoires citoyens expérimentent une nouvelle manière de faire de la science et de la vulgarisation scientifique.