Création de la première souchothèque libre

Pour diffuser les outils de production de l’insuline, l’association s’est dotée d’un centre de ressources biologiques avec trois missions : isoler, conserver et distribuer les ressources biologiques développées par l’association. Pour la première fois, les ressources biologiques seront partagées librement, c’est-à-dire avec la possibilité de les partager à des tiers pour une utilisation dans un cadre commercial. 

Centre de ressources biologiques

Les Centres de ressources biologiques (CRB) ou biobanques sont des structures détenant des échantillons biologiques et leurs données associées. Leur rôle est de conserver, transformer et mettre à disposition les échantillons biologiques. Selon l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), les CRBs “sont un élément essentiel de l’infrastructure sur laquelle s’appuient les biotechnologies”.  On retrouve des CRBs dans la plupart des centres de recherche en biologie, avec des spécialités différentes selon les axes de recherche. Le CRB de l’INSERM a par exemple un ensemble de collection de tissus humains, lorsque le Muséum d’histoire naturelle a une collection étendue de fossiles. À l’exception des CRBs manipulant des échantillons d’origine humaine, il n’existe pas de  régulation obligatoire, mais des certifications qualités octroyées au niveau national. Par ailleurs,  l’OCDE propose un guide regroupant les bonnes pratiques et recommandations des experts du sujet. 

 

Maîtriser la fabrication des matières premières biologiques est un enjeu fort pour le développement d’une activité biotechnologique. Le LEEM (syndicat des entreprises du médicament) indique dans son rapport que “posséder et fabriquer ses propres matières premières, qui soient innovantes et qui permettent d’améliorer les bioprocédés, est un enjeu fort pour la France afin d’assurer l’indépendance de ses acteurs”

 

C’est pourquoi OIFF a souhaité se doter de son propre CRB pour regrouper les matières premières utilisées dans la production d’insuline. On trouve notamment : 

  • les micro-organismes naturels (ou souches) de bactéries ou de levures ;
  • les souches modifiées pour produire l’insuline.

Acquisition des ressources biologiques

L’acquisition des ressources biologiques se fait via l’achat à des tiers proposant un openMTA ou via l’isolation dans l’environnement selon le type de ressources biologiques.  Pour les souches de micro-organismes, OIFF a lancé un projet d’isolation et caractérisation d’une souche de levure Pichia pastoris. Le but est de faire des prélèvements d’échantillons de feuilles , de fleurs et de fruits dans des jardins privatifs et d’espérer isoler une souche de Pichia. Ce projet est en cours avec des résultats très prometteurs. Pour en savoir plus : .

Lors de l’arrivée d’un nouvel échantillon, l’ensemble des informations le concernant est intégré à la base de données du CRB. Les données conservées dépendent du type d’échantillon, mais doivent permettre de l’identifier précisément ainsi que son origine. Par exemple, une souche sera associée à des informations sur les conditions de cultures optimales. Selon les recommandations de l’OCDE et des instances nationales, ces données ne sont pas sensibles, car elles ne sont pas médicales ou liées à des patients. L’openCRB n’accepte pas les ressources biologiques potentiellement pathogènes.

Conservation des ressources biologiques

L’openCRB dispose d’équipement pour la conservation de ressources biologiques de micro-organismes. Les ressources biologiques sont conservées dans un congélateur à très basse température (-80°C). Pour assurer une conservation optimale, chaque échantillon est conservé en plusieurs exemplaires. Un des exemplaires est utilisé pour la réplication de la ressource biologique dans le cadre de sa diffusion.

Diffusion des ressources biologiques

L’une des missions de l’association est la diffusion large et libre des outils développés en son sein. Dans le cas des ressources biologiques, la diffusion se fait facilement via des envois courriers, les micro-organismes étant peu impactés par plusieurs jours à température ambiante. L’échange est conditionné au seul paiement correspondant aux frais de livraison et de conservation. 

Le transfert de ressources biologiques est très souvent accompagné d’un accord de transfert (ou MTA pour Material Transfer Agreement) qui définit les obligations du receveur et l’utilisation autorisée du matériel biologique. Les modèles de contrats les plus courants restreignent l’utilisation à des activités de recherche ou d’enseignement et interdisent le partage du matériel biologique à un tiers. Ces conditions ne sont pas en accord avec la mission d’Open Insulin Foundation France de diffuser les souches largement et pour un usage commercial. 

L’association a donc choisi d’utiliser un autre modèle d’accord de transfert, le openMTA développé par Biobrick Foundation en 2018. Ce modèle, conçu pour être facilement compréhensible et utilisable permet au receveur du matériel biologique d’un faire l’usage qu’il souhaite. L’openMTA est utilisé par Addgene, organisation américaine de dépôt et diffusion de plasmide ainsi que par un ensemble d’universités, entreprises et associations à travers le monde (voir la liste). 

OIFF a fait le choix d’utiliser l’openMTA pour l’ensemble des ressources biologiques qu’elle détient. Cela signifie que le CRB n’acceptera pas de dépôt de ressources biologiques proposé par un tiers et soumis à un MTA.