Le besoin vital en insuline se fait de plus en plus fort au niveau mondial. L’Organisation Mondiale de la Santé a rappelé, dans son rapport de novembre 2021, que 50 % des personnes diabétiques de type 2 devant recourir à l’insuline pour rester en vie, n’y ont tout simplement pas accès. Par ailleurs, l’OMS précise que la situation est d’autant plus préoccupante dans les régions à revenu moyen ou faible. C’est là que se situent 3 personnes sur 4 vivants avec un diabète de type 2 et une dépendance à l’insuline.
Dans ce contexte de tension autour de l’accessibilité à l’insuline, Open Insulin France travaille à proposer des outils disponibles à tous, facilitant sa production et favorisant l’émergence de nouveaux acteurs dans ce secteur. Ces outils s’adressent en priorité aux régions où le besoin en approvisionnements stables d’une insuline abordable est le plus important. C’est d’ailleurs dans ces régions, que se développent nécessairement des modes alternatifs de production de médicaments, et que le déploiement du modèle d’OIF, que nous détaillons ici, est aujourd’hui le plus pertinent.
Un modèle de gouvernance participative.
Au cœur du projet Open Insulin se situe cette volonté de créer une gouvernance partagée qui inclurait les personnes vivant avec un diabète. Impliquées dans l’ensemble des décisions d’une production pharmaceutique qui aujourd’hui leur fait défaut, elles contrôleraient le type de produit, la quantité, le contrôle qualité, la distribution et le prix de vente. Exclue d’une recherche de profit et gérée par les acteurs concernés, l’insuline deviendrait un bien commun, accessible à l’ensemble de la communauté.
Cette gouvernance partagée s’inspire d’expériences de gestion de l’eau par des municipalités et des statuts déjà en place comme les SCIC en France. Open Insulin France souhaite travailler pour identifier les initiatives et les acteurs qui viendront étoffer cette proposition par leurs expériences et expertises.
Un modèle de production locale.
Pour OIF, produire l’insuline localement est un gage d’efficacité et de sécurité pour répondre au défi sanitaire du diabète à travers le monde. Une production localisée garantit un contrôle direct sur l’insuline disponible sans être dépendant d’acteurs externes. La disponibilité de l’insuline est donc accrue et assurée.
En parallèle, la fabrication et la conservation de l’insuline nécessitent un strict respect de la chaîne du froid. Là encore, une insuline produite à un niveau régional, voire municipal, et la mobilisation d’un réseau de producteurs locaux, est certainement la réponse la plus adaptée aux aléas climatiques et logistiques.
Cette vision locale implique un coût d’installation le plus bas possible en privilégiant des usines de fabrication répondant aux besoins locaux. C’est pour que cela puisse avoir lieu, qu’OIF cherche à proposer des installations à coût modéré, simples à installer et à utiliser.
Un transfert d’outil et de connaissances
Open Insulin France développe dans son laboratoire de recherche à Nantes les outils biologiques pour la production d’insuline. Le but de cette recherche est de baisser les barrières d’entrée sur le secteur du médicament en proposant aux acteurs l’infrastructure biologique permettant la production d’insuline. En effet, cette partie du développement d’un médicament implique des connaissances et expertises différentes que celles impliquées dans la production industrielle du médicament.
L’association met à disposition l’ensemble de ses résultats de manière open-source. Pour les outils biologiques, il est important de partager non seulement le produit lui-même, mais aussi l’ensemble des informations le concernant comme les conditions optimales de culture. Un ensemble de savoir-faire est développé et il est important de le transmettre, c’est pourquoi l’association réfléchit à monter des partenariats de transfert de connaissance avec les acteurs intéressés par ses outils biologiques.
L’insuline de OIF disponible en France
Pour amener son insuline sur le marché français ou européen, Open Insulin France devra développer un système de production indépendant. Il passerait par la mise en place d’une coopérative de production du médicament, ce qui serait une première en France. La coopérative devra construire des locaux ou acheter un site de production existant et développer un savoir-faire en recrutant des personnes avec une expérience dans l’industrie pharmaceutique. L’apport financier pour développer un site de production se situe entre 70 et 120 millions d’euros. C’est une somme conséquente, mais proche d’autres investissements fait par les collectivités.
Ce projet d’une “insuline autrement” implique un changement de paradigme dans la production du médicament. Cela passe par une réflexion sur une identification précise de qui sont les producteurs des médicaments et qui en sont les bénéficiaires. Ces questions politiques doivent être comprises comme telles, et être réglées dans le champ politique.
Le rôle d’OIF est de créer, penser, inventer de nouveaux outils qui permettent ce changement de paradigme. Pour concentrer ses efforts, l’association a fait le choix de ne pas s’engager dans des actions de plaidoyer. L’association préfère se concentrer sur ce qu’elle fait de mieux, et mettre les politiques face à leur responsabilité une fois la démonstration faite qu’il est possible de produire de l’insuline de haute qualité, abordable et open source.