INSULIBRE : Production et diffusion en accès libre de micro-organismes produisant de l'insuline

Le projet de recherche collaboratif INSULIBRE vise à développer des outils clés pour la production de médicament en prenant l’exemple de la production d’insuline par des micro-organismes. Ce projet met en avant les possibilités de recherche participative alliant des acteurs académiques, fondations de recherche et associations de patients.

Au-delà de ces objectifs scientifiques, nous mettons en place un réseau de réflexion associant des chercheurs (en Sciences du Vivant et en SHS), des cliniciens, des associations de patients pour entamer une réflexion sur les points suivants:

  1. Démocratiser l’accès aux souches qui sont la base de tout procédé biotechnologique en espérant faciliter l’accès des personnes aux produits biotech ;
  2. Repenser notre relation au vivant et au produits biotechnologiques comme une relation symbiotique et non comme uniquement une exploitation de ressources.

INSULIBRE est  lauréat de l’appel à projet “Habiter au cœur des déséquilibres planétaires” 2023-2024 du Centre des Politiques de la Terre, initiative IDEX de Université Paris Cité.

Ce projet est co-porté par Christophe Magnan, professeur d’endocrinologie à l’Université Paris Cité, UFR SdV, faculté des Sciences et par Louise Lassalle, chercheuse chez Open Insulin Foundation France. Le projet est financé pour 18 mois avec une fin prévue en juillet 2025.

illustration du projet insulibre avec une image en plusieurs partie. La partie haute représente un volcan. La partie basse est divisée en trois parties : deux personnes portent un stylo injecteur vers une cibles; représentation d'objet scientifiques (un erlenmeyer et une fiole);

Description scientifique du projet

 

Obtenir et développer des souches modifiées de Pichia Pastoris (levure de la classe des Saccharomycetes) produisant des analogues d’insuline de haute qualité.

Nous avons choisi des insulines analogues déjà produites chez la levure : Pichia Pastoris (glargine). Ces insulines ont été choisies car elles ont été mises sur le marché depuis plus de 20 ans donc ne doivent plus être soumises à des brevets. Certaines ont déjà été commercialisées par d’autres entreprises pharmaceutiques comme biosimilaires comme la glargine et la lispro. Une étude approfondie du panorama des brevets pour ces molécules sera effectuée avant leur diffusion (voir P4).

Identification de nouvelles cibles d’origine bactérienne pouvant réguler la glycémie.

Cette P2 repose sur l’hypothèse que des peptides bactériens pourraient agir sur le métabolisme de l’hôte en se liant à des récepteurs. Un peptide bactérien (BI-32169) a ainsi été isolé de Streptomyces sp.et a été décrit comme un antagoniste du récepteur au glucagon. Ce travail sera réalisé in silico par des bio-informaticiens.

Tester l’insuline produite par les souches dans des modèles précliniques de souris diabétiques.

Les lots d’insuline obtenus par les différentes souches de la P1 seront testés sur des modèles de souris DT2. Le DT2 sera induit par un régime diabétogène (nourriture riche en fructose et en lipides). Nous testerons l’effet hypoglycémiant de l’insuline dans ces modèles précliniques.

Développement d’une structure pour diffuser les souches.

La gestion et diffusion de souches naturelles (isolées depuis l’environnement) ou modifiées se fait via des centres de ressources biologiques (Biological Resource Centres ou BRC). L’accès aux souches est crucial pour la recherche et l’industrie biotechnologique. Nous souhaitons créer un BRC rattaché à OIFF avec une licence libre selon le modèle openMTA qui autorise la libre utilisation à but de recherche ou commerciale et la libre distribution de la souche à des tiers.

Réflexion sur notre relation au microbiome, dans le cadre de la production de médicament et dans les relations hôte-microbiotes.

Cette partie du programme a pour vocation d’interroger les relations entre l’espèce humaine et les micro-organismes, dans le cadre de la co-existence dans le corps, notamment dans l’intestin mais aussi lors de la production de médicaments. Nous nous intéresserons plus particulièrement au microbiote intestinal dont le rôle est crucial pour le fonctionnement des organismes hôtes et dont le déséquilibre pourrait participer à l’émergence des maladies métaboliques comme le DT2. Nous discuterons l’impact des changements environnementaux engendrés par l’anthropocène sur cet écosystème et son interaction avec l’environnement.