D’où provient l’insuline commercialisée en France ?

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Quelle est l’origine de l’insuline disponible dans les pharmacies en France ?

Considérée comme un traitement indispensable pour de nombreux diabétiques à l’échelle mondiale, l’insuline est élaborée au Danemark, aux États-Unis et en Allemagne. On retrouve dans ces pays des usines tout en un, capables de réaliser l’ensemble des processus de fabrication, depuis la création de l’ingrédient actif jusqu’à l’emballage final.

Les sites de production établis à Kalundborg au Danemark, à Francfort en Allemagne, et à Indianapolis aux États-Unis sont tous aptes à prendre en charge les multiples étapes du processus de fabrication.

Dans le but de satisfaire une demande croissante, les entreprises du secteur ont ouvert plusieurs usines additionnelles exclusivement consacrées au conditionnement de l’insuline. L’insuline arrive sous forme solide à l’usine de conditionnement pour être transformée en solution injectable dans des cartouches, fioles ou stylos. En France, on peut trouver des sites à Chartres et Fegersheim, mais aussi sur le territoire espagnol, italien et irlandais.

En tenant compte de la production d’insuline dans ces principaux sites et leurs usines de conditionnement, on constate qu’environ 80 % de l’insuline utilisée dans le monde provient d’Europe.

Insuline : quel chemin emprunte-t-elle avant d’arriver entre nos mains ?

L’insuline disponible en pharmacie peut provenir d’un site de fabrication et de conditionnement unique, ou avoir été envoyée à une usine spécialisée pour le conditionnement, toujours sous l’égide du même fabricant.

Pour savoir d’où vient votre insuline, vous pouvez d’abord consulter le nom du fabricant sur l’emballage.

Si vous utilisez des insulines de Sanofi, sachez qu’elles proviennent de leur usine, surnommée “Insulin City”, située à Francfort, en Allemagne. Toutes les étapes de fabrication et d’emballage se déroulent sur place, et ensuite, les insulines sont distribuées dans le monde entier sous forme de fioles, stylos ou cartouches. Le site de Francfort est le seul site de production de l’insuline pour Sanofi.

Les insulines de Novo Nordisk, utilisées par de nombreux patients, sont fabriquées dans la ville de Kalundborg, au Danemark. Le conditionnement est réalisé sur place ou dans une autre installation localisée à Chartres, en France.

En ce qui concerne les insulines d’Eli Lilly, leur processus de fabrication s’effectue à Indianapolis, aux États-Unis. Ces insulines sont ensuite mises sous conditionnement en fioles en Espagne, tandis que le processus de conditionnement pour les cartouches et stylos s’effectue à Fegersheim, en France et non loin de Florence, en Italie.

Pour les insulines commercialisées en France, la sous-traitance n’est pas pratiquée. À la différence de nombreux médicaments qui peuvent changer de propriétaire à plusieurs reprises entre leur production et leur disponibilité en pharmacie, l’insuline poursuit son cheminement exclusivement sous la houlette du même fabricant.

Comment différencier les différentes catégories d’usines ?

En opposition à d’autres formes de traitements médicamenteux, les usines responsables de la production d’insuline ne sont pas sujettes à la délocalisation. Dans la plupart des cas, elles sont établies dans la même ville que le siège de l’entreprise pharmaceutique.

L’exception à cette règle réside dans l’usine “Insuline City”, qui fait effectivement l’objet d’une acquisition par Sanofi. L’établissement était détenu par la société allemande Hoechst, qui a joué un rôle de leader dans l’utilisation des biotechnologies pour la fabrication d’insuline et a également développé l’insuline glargine.

Ces complexes industriels, dotés de milliers d’employés, concentrent les compétences techniques et l’expertise, tout en disposant des infrastructures requises pour la production d’insuline. Outre leur capacité à générer des économies d’échelle, elles veillent à maintenir le savoir-faire et les secrets industriels qui leur sont attachés en concentrant ces processus sur un seul site. En règle générale, les entreprises pharmaceutiques choisissent d’investir dans leurs installations existantes afin de tirer parti de la main-d’œuvre qualifiée disponible localement.

Dans une annonce récente, Sanofi a communiqué son intention d’investir 1,3 milliard d’euros pour procéder à la mise à niveau de son site de production. Bien que des spéculations aient émergé concernant l’implantation de la nouvelle usine en France, le coût associé au déplacement et à la réorganisation de 8 000 employés n’était pas une option viable pour l’entreprise.

Les lieux de conditionnement ou les sites secondaires sont généralement de taille plus réduite. Leur spécialisation porte davantage sur le type de conditionnement que sur la substance qui y est contenue. Sur le site de Chartres, Novo Nordisk a la capacité de conditionner à la fois de l’insuline et des analogues GLP-1 comme l’Ozempic. Ces usines engagent un effectif d’environ plusieurs centaines d’employés. Les installations disposent d’une technologie moins sophistiquée et moins diversifiée par rapport aux sites de fabrication.

Vidéo de Novo Nordisk présentant le site de conditionnement de Chartres.

Ces installations de conditionnement peuvent faire l’objet d’une acquisition, ce qui n’est pas applicable aux sites de production. Novo Nordisk a procédé à l’acquisition de Catalent cette année, visant à accéder à ses usines de conditionnement en Europe et à intensifier la fabrication d’Ozempic.

Entre les sites de fabrication et les sites de conditionnement, l’insuline est transportée sous forme de poudre. Sous cette forme, elle peut être conservée plusieurs années. De plus, le transport est très efficace : 1kg de poudre permet de fabriquer 1 million de stylos injecteurs.

L’insuline, une production française ?

Bien que la France abrite des usines qui distribuent de l’insuline, elle ne dispose pas de sites de fabrication. Il est important de souligner que l’expertise et les défis associés à la production de l’insuline résident principalement dans les étapes précédant le conditionnement. Par conséquent, la France ne possède pas les infrastructures ni le savoir-faire nécessaires pour produire de l’insuline de manière rapide et efficace.

À titre d’exemple, Sanofi, dont le siège social est situé à Paris, concentre l’ensemble de ses activités relatives à l’insuline en Allemagne.